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jeudi 4 juin 2015

Fin de partie.




L’accumulation des opinions sur le collège, dont aucune ne constitue un projet, achève de me fatiguer d’une vie politique qui ne prend aucune décision. Je suis fatigué de n’avoir pour seule raison de voter à gauche que mon rejet de la politique de l’UMP en faveur des riches, des très riches et des nationalistes agressifs. Quant à Marine, dont je reconnais  qu’elle a abandonné le vieux fascisme et le vieux colonialisme à son père devenu embarrassant, qui peut croire parmi ses électeurs que les immigrants pauvres sont les principaux responsables de la stagnation économique française. Nous savons bien, après dix ans d’échecs, que l’Europe, qui a été aidée au moment le plus difficile par le Président italien de la Banque Centrale Européenne, finira par se redresser, non pas à cause de ses propres progrès mais parce que le prix du pétrole a baissé,  que le change de l’euro par rapport au dollar s’est affaibli et que les taux d’intérêts sont presque négatifs. Avec de tels avantages il est difficile de ne pas améliorer sa propre situation.
Mais ce qui me préoccupe tout autant est que nombre d’intellectuels ont adopté une pensée qui est au fond proche de celle du Front national : la défense de l’identité, des origines, des frontières, ce qui entraîne le rejet des minorités récemment arrivées. J’entends même à gauche l’éloge du latin et du grec que cette même gauche dénonçait depuis cinquante ans comme un instrument de défense culturelle des « héritiers ».
Il n’est pourtant pas difficile de définir la situation française : après la fin de la reconstruction, la droite a refusé la modernisation que lui proposait Giscard et la gauche dominée par François Mitterrand a été plus loin encore en refusant la social-démocratie acceptée par presque toute l’Europe, c’est-à-dire l’alliance de l’entreprise et des salariés contre les rentiers et les bureaucrates. Devant ce double refus, accompagné d’une violente désindustrialisation, souvent accueillie avec un enthousiasme irresponsable (puisque les échanges internationaux sont fait en grande partie de biens industriels) le monde ,des anciennes classes populaires chassées des grandes métropoles où les loyers doublent se réfugient dans des zones périphériques mal équipées, où les chances de trouver un bon travail sont faibles. Là ouvriers et petits commerçants tombent facilement dans l’escarcelle du Front national.
De 2002 à 2015, période dominée par la catastrophe financière des subprimes en 2007-2008, je ne vois pas une  seule initiative politique, seulement la montée des émeutes et des attentats. Dans un monde où est reconnu partout le rôle moteur de la connaissance, la France est incapable de construire des universités de recherche et ne renforce pas ses institutions du plus haut niveau consacrées à la recherche et à la formation des chercheurs (comme l’X, Normale Sup, le CEA et bien entendu le CNRS, l’INSERM et aussi des institutions indépendantes et très vigoureuses, depuis nos Observatoires jusqu’à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales en passant par le CNAM et toutes les institutions qui contribuent de faire de la France la capitale des mathématiques. La construction d’usines à gaz dont le nom a déjà changé en trois ans me semble aller dans un sens opposé à celui des universités de recherche dont nos amis canadiens viennent de montrer les extraordinaires résultats aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, en Australie et bien sûr maintenant en Chine et en Corée. Quand je me tourne du côté de notre gouvernement – pour lequel j’ai voté – je vois en effet un premier ministre qui a de l’énergie, un ministre des armées qui a fait preuve de décision et de courage mais qui ne trouve pas une aide suffisante du côté des gouvernements africains et j'entends s’exprimer les convictions respectables de madame Taubira; je vois aussi l’approbation prochaine par le Parlement d’une loi sur la santé publique qui comporte des décisions extrêmement favorables, en particulier pour les catégories les moins fortunées. Mais je reconnais ne pas avoir encore vue de loi économique dont je puisse attendre des résultats importants pour la France. Enfin, et pour parler de ce qu’il y a de plus sérieux, la désindustrialisation de la France, en particulier du nord et de l’est, n’est pas combattue. La France, à cause de l’échec du Nord et de celui de Marseille envahie par les mafias, n’a plus que deux métropoles pour participer activement aux réseaux des villes mondiales dont parle si bien Saskia Sassen : Paris et Lyon, une bonne quinzaine de millions d’habitants, puisque Toulouse et Bordeaux ne sont pas des capitales régionales, leur activité étant décidé pour l’essentiel à Paris. Loin de moi de dire que tout va mal en France. Ce pays a perdu de très grandes entreprises. Le monde reconnaît la haute qualité de nos ingénieurs et de nos écoles de commerce ou de business et les réussites de nos grandes équipes scientifiques. Mais qui nous propose un bon en avant ? Je vois plutôt les frondeurs préparer un bon en arrière jusqu’à 1936 et 1945, années par ailleurs Ô combien admirables. J’ajoute que notre pays, nos paysages, nos monuments, notre histoire gardent une grande force d’attraction.
Mais attention! Entre les connaissances scientifiques et les réflexions philosophiques ou littéraires il existe en France un immense gouffre, un vide politique. Nous n’avons plus ni partis, ni syndicats (puisque la CFDT reste subordonnée en puissance à la CGT).
Je demande donc à tous ceux qui se soucient du redressement de la France de chercher concrètement des solutions à cet disparition des objectifs et des méthodes politiques. J’aimerais que les Français soient invités par référendum à dire quels sont les deux, trois ou quatre grands partis dont il estiment l’existence, l’activité et la force nécessaire pour la France. Nous avons besoin d’un renouvellement analogue à celui que la France, sous la direction du Général de Gaulle et avec la participation du Parti communiste et de très hauts fonctionnaires formés dans la résistance, avait réussi au lendemain de la Libération.
Ce qui manque à la France c’est un renouvellement politique  qui lui permette de choisir un avenir.
Un dernier point. Je comprends  les intérêts qui poussent certains à demander l’introduction du système proportionnel, mais il faut limiter les effets négatifs bien connus de ce système n'en acceptant comme candidats aux élections que ceux qui représentent des partis présents sur tout le territoire. Je demande à ceux qui me lisent  de dire autour d'eux s’ils partagent mon sentiment qu'il est urgent de réveillé la  politique.