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vendredi 19 septembre 2014

Un essai de diagnostic

      Un blog n'est ni une tribune officielle ni un bureau des plaintes, où chacun peut raconter où le bât le blesse.C'est souvent de politique qu'on y parle, mais au détail. Pourtant celui qui fait un blog doit de temps en temps prendre un peu de distance, pour mettre de la  lumière  dans la confusion de la vie quotidienne et faire apparaître de grands problèmes  derrière l'expérience particulière de chacun.. C'est ce que je souhaite faire aujourd'hui, parce que je supporte mal la dégradation du débat politique. Chacun de ceux ui tiennent un blog doit prendre le risque de proposer des explications et de suggérer  des solutions à   la crise que nous vivons tous, quitte à devenir des arroseurs arrosés.
   Je  me jette donc à l'eau et je vous propose une hypothèse, qui n'explique pas tout mais qui me semble toucher une cause importante de notre crise et surtout de notre impuissance.
    Admettons que le corps social se  compose de  trois organes principaux: l'Etat; la société dite civile et les moyens d'intervention et de contrôle du premier sur la seconde,par les impôts, l'éducation, la Sécu, les grands équipements etc.
 Mon diagnostic de base, concernant l'Etat, est qu'il fonctionne plutôt bien: la France ne vit pas dans l'anarchie et la violence; elle a eu le courage d'intervenir militairement, en particulier au Mali,; elle respecte la laïcité et la liberté de conscience. L'Etat s'appuie sur de hauts fonctionnaires dont nous nous souvenons encore avec quelle efficacité et quel esprit de progrès ils ont reconstruit le pays après 1945.
  La société civile, en  particulier économique, ne va pas mal non plus. Nous avons beaucoup d'entreprises puissantes au niveau mondial, nos écoles d'ingénieurs et de commerce sont considérées comme parmi les meilleures et nos scientifiques récoltent des prix Nobel et des Médailles Field.
   Ce qui conduit à nous inquiéter est que le monde de la production a toujours occupé' une place trop peu importante: la France n'est jamais parvenue au même niveau d'industrialisation que la Grande Bretagne, l'Allemagne ou le Japon; la France a toujours été un pays de banquiers plus que d'industriels, que ses syndicats ont toujours été faibles et divisés; sauf pendant une très courte période et qu'elle cultive, en particulier chez ses intellectuels, une étrange aversion à l'égard de l'entreprise. C'est bien dans son troisième organe, dans la manière dont l'Etat impose ses propres critères de fonctionnement à des activités qui ont d'autres exigences, que réside une des causes principales de notre crise. La faiblesse de son esprit industriel laisse trop de place à l'argent, au profit et à la rente qui ne sont pas liés à la production.
Attention! ces interventions de l'Etat ont aussi des effets positifs, que nous résumons en un mot , si important que nous n'en prononçons que la moitié : la Sécu . Et il serait juste de reconnaitre aux gouvernements successifs qu'ils n'ont pas détruit, malgré le déficit budgétaire , l'essentiel de la Sécu et que la France à même adopté cette CMU qui  restera dans l'histoire un de nos titres de gloire: elle accueille et soigne dans nos hôpitaux publics tous les malades, même ceux qui n'ont ni argent ni papiers . Pas question d'abandonner cette conquête, pas plus la laïcité et la liberté des cultes .
Mais - et ici nous entrons dans la zone malade- l'Etat impose sa logique d'action, celle de l'administration,  dans des domaines dont le fonctionnement doit être complètement différent. Le principal échec est dans l'enseignement, comme le démontrent, année après année, les classement PISA ou, pour les universités celui de Shanghai  . Il est vrais que la France a su créer. M des espaces libres pour les explorateirs et les scientifiques et pour les chercheurs dans tout les domaines . Je connais leurs qualité et leurs importance ; j'y ai passe ma vie.Mais le coeur de l'enseignement, la relation de l'enseignant à l'enseigner, reste dominé par une définition traditionnelle et autoritaire des disciplines , des cours et des programmes, dont les effets sont désastreux. L 'enseignant est censé diriger les jeunes vers des valeurs situées bien au dessus d'eux . On a fait de lui un prêtre ; d'ou l'échec fréquent de la communication avec les enseignés.
Un deuxième symptôme  grave de cette maladie générale est l'étroitesse du recrutement des dirigeants de tous ordres, non seulement l'insuffisance mais la diminution du recrutement des décideurs dans l'ensemble de la population. Cette faiblesse- dont souffrent bien d'autres pays, comme le Japon et même les Etats-Nis- est insupportable, parce qu'elle vide la démocratie de son contenu.
  Je n'ajoute qu'un dernier exemple: l'idée de la République une et indivisible, qui a entraîné le rejet et le mépris des territoires et des minorités. Nous devrions nous souvenir que notre laïcité doit beaucoup aux protestants et aux juifs, qui ont subi des persécutions des souverains catholiques. .Et nous sentons la nécessité  d'empêcher les discriminations contre les immigrés récents, pour éviter des réactions communautaristes dangereuses pour tous.
 D'où vient cette domination de la société par l'Etat qui amène certains à parler d la France comme d'une monarchie républicaine?. Deux explications très différentes nous sont proposées. Pour certains c'est la faute aux rois et à l'Eglise catholique, à Napoléon et même à De Gaulle. D'autres, dont je suis, pensent que c'est la faiblesse des acteurs, des entrepreneurs comme des syndicats,la soumission des enseignants à un centralisme jacobin, l'absence de négociations collectives, qui entraîne la préférence française pour les affrontements sur les négociations, pour la Révolution sur les réformes.Personne ne réclame plus de liberté d'initiative; tous réclament un contrôle plus étroit de l'Etat sur l'adversaire.. Je prends clairement parti pour cette deuxième explication, parce que l'Etat jacobin n'a pas d'autre appui que lui-même, que l'ensemble de ceux qui dépendent, directement ou indirectement, de lui.Je trouve excellent que l'indépendance des enseignants soit garantie par l'Etat, mais je ne vois pas pourquoi l'enseignement est organisé et évalué par des fonctionnaires.
 Le cas le plus extrême est celui de la recherche scientifique où de grandes réussites ont été possibles mis où les conditions de travail et de vie sont dominées par des administrateurs souvent étrangers à la création scientifique.
  Si je voulais aller plus loin, je devrais entrer dans la politique, ce que je refuse  car je ne suis pas préparé à ce type de décision et de stratégie. ne m'étant jamais présenté à une élection.
  Ma conclusion principale est que notre tâche la plus urgente est de renforcer la capacité d'action des acteurs: enseignants et enseignés, salariés et dirigeants, majorité et minorités. Un premier pas important serait de redonner du pouvoir au Parlement
  Ce qui rend le problème plu grave encore est que la faiblesse de citoyens se voit partout et que ni la gauche, ni la droite, ni encore moins l'extrême-droite ne semblent comprendre les problèmes fondamentaux de notre société. Nous aurions besoin d'une série de référendums pour reconstruire le couple désuni de la société et de l'Etat.
 


mercredi 10 septembre 2014

Aujourd'hui, le silence; demain la violence ?

On pouvait s'attendre au pire, à une flambée de violence dans les banlieues, à des manifestations de masse dans le centre des grandes villes, à des discours véhéments de Marine Le Pen, à des occupations d'entreprises menacées de fermeture....Or il ne se passe rien. Le mécontentement qui semblait envahir toute la vie publique se concentre sur la vie privée du Président qui aurait mal parlé des gens sans ressources, ce qui est certainement faux. On pourrait croire, à écouter ce silence, que ce que tant d'entre nous vivons comme une crise grave pourrait  être réglé par quelques conseils d'un bon publicitaire.
   Je parle sérieusement. Ce calme extrême est étrange, inquiétant. Devons nous suggérer à François Hollande de partir en pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle et de disparaître en cours de route dans un couvent franciscain pour que tout se calme, sous l'autorité d'un gouvernement de trappistes.
Soyons plus clairs. Personne n'offre de solution; personne ne définit les causes de la crise et la manière de la surmonter. Cela veut-il dire que l'opinion a raison de rester elle aussi silencieuse? Ou cela veut il dire qu'il faut tout changer, des Assemblées au Président? Mais si elle pense ainsi, l'opinion ne devrait-elle pas se demander si, dans ce vide politique, ce n'est pas la violence qui remplacerait le silence?