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jeudi 13 mars 2014

Un ancien président est-il un citoyen ordinaire ?


Ce qui choque le plus dans l’imbroglio pseudo juridique sur l’écoute des conversations de Nicolas Sarkozy et de son avocat pendant une année entière n’est pas le fait du délit en lui-même. Si un juriste nous avait expliqué en quoi cette procédure pouvait ne pas être illégale, il est probable que nous aurions accepté sa réponse surtout s’il l’avait armée de citations du Conseil d’Etat ou de la Cour de cassation, ce n’est même pas que la garde des Sceaux, aujourd’hui mise en cause, soit la même ministre qui a défendu courageusement des projets et des textes de lois difficiles et qu’elle a mené très efficacement le débat sur le « mariage pour tous » où elle a défendu excellemment la thèse de cette loi qui m’apparaît juste et qui marque une transformation importante de notre culture. 
A vrai dire ce qui m’a choqué le plus est qu’un ex-président soit l’objet d’une vraie chasse à l’homme. S’il a agi contre la loi, qu’il soit condamné ; ce ne peut pas être l’objet d’une discussion. Ce qui est grave c’est que le fonctionnement de l’Etat et l’action de ses plus hauts représentants semblent ravalés au niveau des « affaires », des magouilles dont vit « le milieu ». L’usage de moyens, pour le moins discutable, pour démontrer la culpabilité d’un ancien président ne frapperait pas seulement un homme ; elle atteindrait aussi une fonction qui est un élément important du système démocratique. Lorsque les affaires publiques deviennent des « affaires » la crise de légitimité est proche. Nous en avons déjà fait l’expérience dans notre histoire. Autant un ancien président ne doit jouir d’aucun privilège ou passe-droit, autant ceux qui le poursuivent doivent veiller à ce que leur initiative ne dégrade une fonction noble par nature plutôt qu’un homme qui ne l’est pas nécessairement. L’égalité des droits de tous n’empêche pas que les conséquences d’un acte illégal ou pouvant être interprété comme illégal est des effets plus négatifs si elles ont pour effet de faire disparaître la confiance sans laquelle le citoyen ne se sent pas représenté par l’élu. Les contrôles institutionnels et constitutionnels doivent être utilisés avec la plus grande rigueur chaque fois que ce sont les institutions et non plus seulement des individus qui risquent d’être stigmatisés.
Et comment oublier que nous sommes à la veille d’élections dont les résultats peuvent être affectés par le climat actuel qui est hostile aux principaux partis. Faut-il croire avec les Romains que Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre ?



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