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mardi 25 mars 2014

La raclée



Oui, c’est bien d’une raclée qu’il s’agit. La perte de confiance dans les hommes politiques s’ajoute à l’échec économique du gouvernement et à l’image négative du Président de la République. Le premier ministre, écrasé par la défaite, n’a dit que quelques mots, à peine audibles ; on sentait qu’il rédigeait sa démission. Il risque de servir, bien injustement, de bouc-émissaire dans cette débâcle. En fait, ce n’est pas une politique qui a échoué c’est l’absence de politique, d’objectifs et de priorités qui a entrainé l’aboulie, la passivité dont nous souffrons depuis longtemps. Ce n’est pas d’un remaniement ministériel dont nous avons besoin, c’est d’une dissolution de l’Assemblée Nationale et de nouvelles élections.
Avec un fort renouvellement des hommes et des mots et des discours. Il n’est plus suffisant de changer seulement les joueurs de place.
Ce n’est en tout cas pas le Front national qui peut apporter des solutions ; sa nullité politique est extrême et il ne fait que surfer sur les vagues du mécontentement et de la colère.
Nous souvenons nous d’être tombés aussi bas depuis 2002 ?





lundi 24 mars 2014

Faut-il avoir peur d’un nouveau Munich ?

Vivons-nous un second Munich 80 ans plus tard ? Nous avons cédé la Crimée à Poutine. Verrons-nous demain Kharkov et Donets demander le rattachement de l’Ukraine russophone à la Russie ? Et déjà la Transnistrie, partie russophone autonome de la Moldavie, a fait entendre la voix de ce qui pourrait être l’équivalent des Sudètes. Et pouvons-nous craindre le réveil des populations russophones dans quelques pays baltes, et en particulier en Lettonie ? L’Union européenne et les Etats-Unis sont incapables d’agir. Et la révolution orange d’Ukraine a laissé des souvenirs de confusion et de corruption qui découragent la sympathie.
Mais, quelle que soit notre réponse nous devons poser la question : Poutine met-il ses chaussures dans les pas de Hitler et surtout en le laissant s’emparer de la Crimée l’encourageons-nous à continuer ses conquêtes comme le firent Chamberlain et Daladier en 1938 ? Je comprends que des jeunes gens d’aujourd’hui ne se posent pas une telle question, mais comment le pourrais-je, moi qui me souviens de ce qu’a voulu dire depuis 1938 jusqu’à aujourd’hui le mot : munichois. Je m’impose donc de me poser cette question mais je suis forcé d’y répondre aussitôt que les deux situations sont très différentes et que la comparaison est même artificielle. Poutine veut recréer l’URSS et même créer un empire européo-asiatique capable d’équilibrer l’Union européenne. Ce qui est d’ailleurs artificiel car la Russie ne produit presque rien, en dehors du pétrole, du gaz et des diamants et son armement nucléaire rappelle plus sa défaite dans la guerre froide que sa puissance de dissuasion. Il est vrai que l’Europe, et surtout l’Allemagne, dépend fortement du gaz russe mais la Russie dépend de l’Occident pour presque tout le reste de leur économie industrielle. De commun avec l’Allemagne au début du XXème siècle, super puissance industrielle et militaire ? Comme l’Europe et les Etats-Unis n’ont aucun moyen d’agir contre l’Etat de fait créé par le rattachement de la Crimée à la Russie et que l’Ukraine reste enfoncée dans l’impuissance, je dois constater que toute réponse agressive de l’Europe augmenterait le risque d’un conflit plus grave. La Russie de Poutine n’est pas portée vers une expansion de type hitlérien fondée sur la puissance militaire et une mobilisation idéologique. Elle ne cherche qu’à recréer un empire territorial incapable de jouer les premiers rôles dans la vie mondiale. Mais une Europe faible, en crise, incapable de décision, crée toujours, par sa faiblesse même, un risque d’invasion de la ville par des loups affamés. Le risque que court l’Europe ne vient aujourd’hui ni de Moscou ni de Pékin mais de sa propre impuissance.
Sébastopol
Célébrations du Jour de la Victoire à Sébastopol. Source : Foksik.ru


jeudi 20 mars 2014

Anne Hidalgo



Sinistre semaine politique en France, mais qui se termine par un feu d’artifice Anne Hidalgo. De la volonté, de l’autorité : elle croit en elle-même et je crois en elle, d’autant plus que je me méfie du contre-pouvoir que va représenter la nouvelle métropole qui peut avoir envie de dépecer Paris. Anne Hidalgo comprend au contraire qu’il faut un Paris-métropole et pas une métropole faite de grains de sable cherchant à user le rocher central.
Et quelle joie de la sentir émue par le discours politique ; par des expressions comme : les valeurs de la République ! Ces mots semblent creux mais si on l’écrit ils reprennent toute leur force.
Bertrand Delanoë a été acclamé et la continuité entre lui et Anne Hidalgo nous donne confiance. Mais il nous faut plus d’espoir. Donnez-nous, Anne Hidalgo, envie de parler en politique avec de grands mots : égalité, création, ouverture au monde.
Quant à votre victoire, je ne l’attends pas pour m’en réjouir. Elle est assurée mais je la voudrais grande, puissante.
Quelle joie d’avoir confiance en quelqu’un qui croit elle-même à l’action politique.
Retrouver la confiance et l’espoir c’est faire déjà la moitié la plus difficile du chemin.
Vive la nouvelle maire !


Anne Hidalgo



jeudi 13 mars 2014

Un ancien président est-il un citoyen ordinaire ?


Ce qui choque le plus dans l’imbroglio pseudo juridique sur l’écoute des conversations de Nicolas Sarkozy et de son avocat pendant une année entière n’est pas le fait du délit en lui-même. Si un juriste nous avait expliqué en quoi cette procédure pouvait ne pas être illégale, il est probable que nous aurions accepté sa réponse surtout s’il l’avait armée de citations du Conseil d’Etat ou de la Cour de cassation, ce n’est même pas que la garde des Sceaux, aujourd’hui mise en cause, soit la même ministre qui a défendu courageusement des projets et des textes de lois difficiles et qu’elle a mené très efficacement le débat sur le « mariage pour tous » où elle a défendu excellemment la thèse de cette loi qui m’apparaît juste et qui marque une transformation importante de notre culture. 
A vrai dire ce qui m’a choqué le plus est qu’un ex-président soit l’objet d’une vraie chasse à l’homme. S’il a agi contre la loi, qu’il soit condamné ; ce ne peut pas être l’objet d’une discussion. Ce qui est grave c’est que le fonctionnement de l’Etat et l’action de ses plus hauts représentants semblent ravalés au niveau des « affaires », des magouilles dont vit « le milieu ». L’usage de moyens, pour le moins discutable, pour démontrer la culpabilité d’un ancien président ne frapperait pas seulement un homme ; elle atteindrait aussi une fonction qui est un élément important du système démocratique. Lorsque les affaires publiques deviennent des « affaires » la crise de légitimité est proche. Nous en avons déjà fait l’expérience dans notre histoire. Autant un ancien président ne doit jouir d’aucun privilège ou passe-droit, autant ceux qui le poursuivent doivent veiller à ce que leur initiative ne dégrade une fonction noble par nature plutôt qu’un homme qui ne l’est pas nécessairement. L’égalité des droits de tous n’empêche pas que les conséquences d’un acte illégal ou pouvant être interprété comme illégal est des effets plus négatifs si elles ont pour effet de faire disparaître la confiance sans laquelle le citoyen ne se sent pas représenté par l’élu. Les contrôles institutionnels et constitutionnels doivent être utilisés avec la plus grande rigueur chaque fois que ce sont les institutions et non plus seulement des individus qui risquent d’être stigmatisés.
Et comment oublier que nous sommes à la veille d’élections dont les résultats peuvent être affectés par le climat actuel qui est hostile aux principaux partis. Faut-il croire avec les Romains que Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre ?