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lundi 29 juillet 2013

Le poids des mots




       Je dois confesser que je sens mon être,  tel qu'il a été façonné par l'éducation, mes milieux, mes expériences de vie, en retard sur ma pensée, mes convictions. J'ai parfois l'impression de tirer avec moi une partie de moi-même dans un gros paquet mal ficelé. Je sais ce que j'ai mis dans ce paquet, la plus grande partie de ma vie scolaire, sauf  les cours d'histoire et de littérature française ; la plus grande partie des informations qu'on recevait de la presse écrite et de la radio dites françaises - BBC mise à part -  qui nous roulaient et nous endormaient dans une farine qui nous détournait  d'agir ; et l'interminable idéologie post-marxiste mais sans référence au mouvement ouvrier doublement réduit au silence par les Occupants et le Komintern.

       Je me demande encore comment j'ai pu traîner une si lourde charge. C'est tellement vrai que je ferais mieux de me demander d'où j'ai tiré en moi ou hors de moi la force d'avancer dans une direction opposée à celles où m'entraînaient les poids lourds que j'avais enfermés dans le lourd bagage qui risquait à chaque instant de m'entraîner.

vendredi 26 juillet 2013

Prendre un nouveau départ




Je pensais qu'en vieillissant j'aurais de moins en moins envie de réfléchir sérieusement et pour de longues  périodes, sans quand même m'imaginer dormant devant la TV !

    Mais ce qui m'arrive me surprend. J'ai l'impression que ce gros livre que je vais publier en septembre marque enfin un point de départ possible. Je crois que je pourrais me donner un programme de cinquante ans! D


Ce que je ne veux pas, c'est perdre une grande partie de ce temps à me préparer à disparaître. 
Comment pourrai-je mettre du sens dans le non-être, dans l'être mort ?
La sagesse de ma part serait de présenter mon gros livre à un public plus large et à moi-même sous forme d'un livre bref, d'explication de mes intentions principales. J'essaierai plus encore d’être capable de transformer l'exposé de ma pensée en conseils de gouvernement, sans me prendre pour le percepteur du futur président des français, qui n'y prêterait aucune attention. Mais il serait important pour moi d'être utile à mon pays, qui est si près de se laisser aller sur la pente douce qui se transforme vite en chute libre  

vendredi 19 juillet 2013

L'historien et le sociologue

Ce serait une grande erreur de croire que seuls les philosophes pensent et analysent les faits historiques  dont les historiens ne feraient qu'établir le récit et que les sociologiques ne verraient que du point de vue des besoins de la société, et même d'une manière plus limitée encore par les résultats de l'analyse économique
En réalité chacune de ces perspectives,  de ces lectures des faits,  apporte un mode de pensée et de comprendre différent des autres. L'explication dans les sciences sociales reçoit sa force avant tout de la convergence, de l'accord de plusieurs types d'analyse. La sociologie, en particulier a besoin de s'appuyer sur le travail parallèle, différent mais aussi convergent,  des historiens qui emploient d'autres mots et ont d'autres sensibilités, en particulier  d'autres relations au présent. Nous devons tous chercher de telles correspondances- plutôt que des complémentarités- entre diverses approches. Car il s'agit d'étudier, à la fois d'analyser et de comprendre,  des faits humains et sociaux qui ont une réalité objective mais aussi une signification subjective pour les acteurs eux-mêmes. Cette orientation est essentielle pour moi parce que c'est une de mes idées de base que la logique du système et celle des acteurs sont fondamentalement différentes. Diverses logiques s'encastrent les unes dans les autres, se combattent ou se complètent.
Je suis rappelé à ce pluralisme par la lecture attentive du livre que l'historien Christophe Prochasson vient de consacrer au grand historien François Furet, qui fut un de mes amis proches. Les mots les plus importants du langage de Furet ont été: la "passion révolutionnaire" et aussi "l'idée révolutionnaire" sans les séparer nettement et, de manière plus surprenante,le "passé d'une illusion", titre de son dernier grand livre , qui renverse celui de la derniére oeuvre de Freud, publiée après sa mort:L'avenir d'une illusion.
L'esprit révolutionnaire repose , selon lui, sur l'illusion  du recouvrement parfait de la nécessité objective de l'évolution et de la volonté de libération de la classe dominée et exploitée. Jugement qu'on peut en effet porter aussi sur la religion qui soumet l'homme à la volonté divine mais lui permet aussi ,avec la foi et l'aide de la grâce divine, de transformer le monde. Les notions de l'historien peuvent apparaître confuses au philosophe,  mais elles sont fortes de leur proximité avec l'expérience humaine,  vécue et rêvée. C'est pourquoi elles sont si utiles au sociologue qui a un pied du côté des philosophes et l'autre du côté des historiens, sans jamais mettre tout le poids de son esprit d'un seul côté.

jeudi 18 juillet 2013

Portrait intellectuel de l'auteur

Après avoir publié sur ce blog tout nouveau une dizaine de textes brefs mais qui en indiquent déjà l'orientation générale,  je sens la nécessité de prendre la parole un peu plus longuement, pour me présenter. Pas à coup de photos, au moins cette première fois, mais en définissant le plus clairement possible mon projet intellectuel. Je sens parfois que je laisse flotter un trop de flou autour de lui, comme si j'avais peur de m'enfermer dans une idéologie, mais en fait je me sens ferme dans ma marche et je sens l'urgence de m'expliquer clairement.
  Mon point de départ est autant historique que sociologique, car je tiens à ma double orientation.  C'est mon refus des visions de l'histoire, qui m'ont, comme presque nous tous, attiré au début de ma vie, bien que je n'aie jamais été communiste. Car les philosophies de l'histoire qui voient celle-ci comme un système en mouvement, porté par ses lois "naturelles, risquent toujours d'écraser la liberté humaine sous les déterminismes , culturels aussi bien qu'économiques, au point de nous faire basculer dans des régimes totalitaires, fondés sur une vision culturelle dans le cas du nazisme et économique mais aussi volontariste dans le cas du léninisme qui n'a pas la solide base philosophique du marxisme.
La principale expression historique des philosophes de l'histoire a été l'idée révolutionnaire qui fit apparaître la prise de l'Etat par la force comme l'expression conjointe de la nécessité historique et de la volonté populaire  renversant les obstacles dressés par les maîtres des institutions. J'ai toujours voulu reconnaître la priorité des mouvements sociaux sur les politiques révolutionnaires et je n'ai jamais voulu considérer la Révolution française comme un bloc, opposant au contraire l'oeuvre libératrice de la Constituante à la Terreur de la Convention montagnarde. Je sens encore en France la puissance de l'idée révolutionnaire, mais tout me démontre qu'elle ne correspond plus à aucune politique possible et tout mon travail intellectuel a été consacré à donner des fondements à une pensée et à une action fondamentalement démocratiques, en opposition complète avec la pensée que François Furet appelle à juste titre l'"illusion" révolutionnaire.
 Ce qui me sépare nettement du réformisme politique qu'on appelle aujourd'hui tocquevillien, pour ne pas évoquer des figures beaucoup plus conservatrices comme Guizot, c'est que je refuse de donner la priorité à l'action politique sur l'action et les mouvements sociaux. Dans les mouvements et les "printemps" qui éclairent le monde actuel je ne vois pas une confiance absolue dans les institutions démocratiques- les élections se retournant souvent contre les mouvements de libération- mais une volonté passionnée d'éliminer les régimes autoritaires et d'abord les dictateurs eux-mêmes. J'aimerais parler d'une "passion de soi", passion de soi comme sujet et donc comme acteur, qu'on ne peut pas confondre avec le narcissisme ou avec la volonté de puissance nietzschéenne.Cette conscience, si forte dans les sociétés "modernes", est l'"humanisation" de l'appel à l'idée d'un créateur ou d'un roi sacré ou de l'histoire comme créatrice de sens  pendant ce que Hobsbawm a appelé le siècle des révolutions. Vision de la modernité que j'oppose fortement à sa définition par la sécularisation, qui plaît tant aux défenseurs du libéralisme économique et politique. Seule cette passion du sujet est capable d'endiguer les populismes autoritaires qui débordent si facilement les institutions démocratiques.
C'est ici que je débouche directement sur une pensée politique du présent.Plus s'étend l'empire des pouvoirs, aussi bien du capitalisme que des régimes communistes et des nationalismes autoritaires, et plus la seule force de résistance  qui peut l'emporter sur eux doit déborder la défense de droits particuliers, qu'ils soient politiques, sociaux ou culturels et devenir un mouvement général, démocratique, car le seul fondement solide de la démocratie est l'affirmation des droits universels et fondamentaux de tous les êtres humains, ceux qu'on appelle les droits de l'homme, en n'acceptant plus que des ex-révolutionnaires se moquent cyniquement du "droits de l'hommisme" qui montre au contraire partout sa puissance libératrice.
Alors que la pensée du19ème siècle a été dominée par l'idée d'un accord final entre l'homme et la nature, à travers les victoires de l'homo faber, je pense,  de manière inverse, que le sujet humain s'affirme de plus en plus dans sa liberté et sa responsabilité, contre tous les déterminismes et contre tous les autoritarismes, comme construction d'un monde d'égalité et de solidarité, d'un monde où l'affirmation du sujet et de ses droits étend de plus en plus, dans le monde entier et dans tous les domaines de l'expérience humaine la capacité des êtres humains d'être les acteurs de leur existence et de leur histoire.
Cette rupture du système et des acteurs dont au contraire la complementarité était la pierre angulaire de la sociologie classique, en particulier chez Talcott Parsons et ses élèves, est l'affirmation sur laquelle je m'engage avec le plus de force.. Je me définissais au début de mon travail comme sociologue de l'action;  je préfère aujourd'hui me dire sociologue du sujet et des acteurs. C'est pourquoi je peux parler d'ère post-sociale et post-historique. Ce qui est très loin des pensées prudentes de la pensée politique qui me semble recueillir l'héritage intellectuel des social-démocraties européennes, au moment où cclles-ci sont partout épuisées.

mercredi 17 juillet 2013

Le pays qui se venge de lui-même

Jacques Attali ( Urgences françaises Fayard Juin 2013)  a raison contre ceux qui lui reprocheront de ne pas explorer avec assez de circonspection les chiffres de l'économie française pour trouver les causes proprement économiques d'une crise avant tout économique Il a raison de bousculer les chiffres pour foncer droit sur la contradiction principale de la situation française, entre une économie qui comporte beaucoup d'éléments positifs et la représentation désespérante que les français ont d'eux mêmes comme nation et qui les condamne à l'incompréhension et à l'impuissance. Me vient à l'esprit le titre grec d'un poème de Baudelaire: Heautontimoroumenos, celui qui se fait souffrir lui-même, qui se venge de lui-même. Car il n'est pas suffisant de dire que les français ont l'esprit plus rentier qu'entreprenant et qu'ils n'ont pas su bien utiliser leur double façade maritime. Ce qui pèse le plus lourd est la contradiction entre les français et la France.Les français sont contents de leur vie privée mais très mécontents d'eux-mêmes comme citoyens français.Non pas qu'ils trouvent leur pays médiocre, mais au contraire parce qu'ils le considèrent comme supérieur aux autres, comme ayant une vocation particulière pour la liberté et pour la culture et par conséquent comme étant eux mêmes  indignes de lui , incapables de  maintenir la grandeur et la supériorité de leur pays.Ils n'auraient pas lutté aussi longtemps contre l'Eglise catholique s'ils n'avaient pas la conscience d'être une nation sacrée. Etrange pays de cathédrales et d'anticléricalisme, de révolutionnaires et de bonapartistes, d'aristocrates, de fonctionnaires et de paysans plutôt que d'industriels,d'ouvriers et de marins. Pays de contradictions et, comme disent les gens savants, d'oxymores. Pour le libérer de sa paralysie , il faut qu'il sorte de lui-même, de sa mésestime de soi, orgueilleuse et auto-destructrice. Il faut qu'il pense et agisse en termes plus pratiques et moins idéologiques, monarchiques ou révolutionnaires. Il  a besoin d'une grande oeuvre à accomplir pour sortir  se ses rêves et de ses cauchemars.

mardi 16 juillet 2013

Blog ou anti-blog?

A la fin de son numéo récent sur les journaux intimes le magazine Books (excellent) oppose à ces journaux  en principe secrets les blogs d'aujourd'hui faits au contraire pour rendre publique la vie privée. Suis-je en train d'écrire un blog? Oui, bien sûr et pourtant je n'y parle pas de ma vie privée et presque pas de mes états d'âme. Alors?  En tous cas ce n'est pas un anti-blog car je veux ou au moins je voudrais introduire la vie privée dans la vie publique, pas du tout en cherchant la raison des décisions politiques dans les lits ou sous le divan des analystes mais en réintroduisant les acteurs, leur objectifs et leurs protestation dans un monde qui ne respecte pas la dignité, c'est à dire les droits de chaque individu dans un monde dominé par l'argent, la folie du pouvoir et le mépris des autres qui ne sont pas le fait de quelques brutes mais de la concentration des décisions  sans laquelle nous chercherions encore à inventer le feu. Il ne faut pas opposer la vie publique à la vie privée mais le respect des droits de chacun et de tous à la concentration du pouvoir et à la domination  des chefs.
 Après les tragédies et les épopées des dictatures, des résistances et des libérations nous vivons dans un monde de marchands que ne parviennent pas à rééquilibrer  les esprits généreux pourtant innombrables qui donnent de l'air à ceux qui ne peuvent plus respirer, par solidarité et par amour. En fait il n'y a aucune raison de penser que les grands mouvements de libération- d'où sortent aussi de nouveaux monstres- appartiennent au passé, alors que de nouveaux pouvoirs se forment dans tous les domaines de notre existence.On parle avec raison du triomphe de la globalisation, pas seulement pour parler de la mondialisation de la finance mais au moins autant pour montrer la diffusion partout des formes de concentration et de domination qui se sont introduites d'abord dans la production et maintenant sont partout, dans les communications, la consommation, la formation de l'opinion et de l'imaginaire
 A cette ubiquité du pouvoir on ne peut répondre qu'en défendant en bloc les droits de chaque être humain donc l' égalité de tous et les libertés de tous. Cet universalisme  a soulevé les montagnes; il peut aujourd'hui attaquer l'arbitraire, le mépris, les prisons qui ont beaucoup de noms, les assassinats qui en ont encore plus

lundi 15 juillet 2013

Lendemain du 14 Juillet

Je me refuse  la facilité de laisser passer ce jour  sans parler. Facilité qui serait en fait de la mauvaise foi. Car je dois dire que j'approuve l'engagement de la France au Mali, plus complètement et fermement que la guerre en Libye qui a laissé ce pays sans autorité légale, plus fermement aussi que la guerre en Afghanistan. Quant à l'invasion de l'Irak non seulement j'ai approuvé le refus français d'y participer  mais j'ai été fier d'écouter- j'étais à New York- le Ministre français rappeler les principes du droit international. Quant à la Syrie, problème de hier et d'aujourd'hui je continue à penser que les européens auraie intervenir le plus vite possible, puisque Poutine soutenait et armait ouvertement Bachar El Assad. Nous devons  avoir le courage de nous opposer à ce que nous jugeons fermement comme gravement dangereux . Le terrorisme dit religieux est une politique de destruction des libertés, d'imposition par la force d'un régime tyrannique ou même totalitaire. Il y a au moins autant de raisons de le combattre qu'il y en eut de défendre la guerre de libération des algériens et d'autres. Et je respecte la décision de clore ce défilé militaire avec le Chant des partisans. Comment pourrions nous défendre les droits des autres si nous ne sommes pas capables de défendre les nôtres et surtout si nous ne défendons pas  la valeur universelle des droits que nous avons été parmi les premiers, avec les anglais, les hollandais et les américains à proclamer et à défendre et qu'il faut maintenant faire adopter contre toutes les tyrannies. La condamnation du colonialisme et la conscience du tragique suicide de l'Europe en 1914 doivent renforcer encore notre attachement aux libertés qui ont d'abord pris naissance en Europe. Je souffre d'avoir dû si souvent condamner la conduite de la France sur son territoire et dans le monde mais je souffre aussi quand je la vois s'écrouler lâchement comme en 194O et quand des voix en France ne rappellent pas les engagements que nous avons su prendre, sans me laisser tromper par les discours menteurs sur la "vocation" de la France .Je ne dis pas que les français doivent être fiers de leur, pays, mais je trouve insupportable qu'ils  lui refusernt leur confiance, car c'est une attitude de lâcheté dont nous pourrions être les principales victimes.

samedi 13 juillet 2013

Mes anges gardiens


J'ai toujours senti près de moi la présence  de quelques hommes, un peu plus âgés  que  moi,  
encore vivants ou morts depuis longtemps mais séparés de moi par une frontière infranchissable: ils ont fait la guerre,Jean,  dans les chars de Leclerc en Allemagne oû il a été tué par une mine; Jacques Lusseyran, tué longtemps après, dans un accident obscur, après  avoir  survécu à la déportation, lui le khâgneux le plus brillant, aveugle, dont la machine Braille a accompagné tant de  mes heures à Louis le Grand, lui qui était toujours accompagné par son ami Besnier, déporté avec lui mais qui n'est pas revenu; Jean Pierre Vernant qui fut le commandant militaire de la libération de Toulouse avant de revivifier les études sur la Grèce ancienne en faisant couler sur elles l'eau vive de la philosophie et des sciences sociales; Pierre Vidal-Naquet qui engagea sa vie pour découvrir les assassins d'Audin à Alger; et, plus près encore de moi , ceux qui recréèrent au lendemain de la guerre , autour de Georges Friedmann,réfugié et résistant à Toulouse,la sociologie engloutie dans la catastrophe, P H Chombart de Lauwe, qui avait découvert l'interêt de la photographie aérienne dans les Spitfire de la RAF d'oû il attaquait les objectifs militaires allemands pendant la Bataille d'Angleterre, etPaul Hassan Maucorps, rare élève de l'Ecole Navale à avoir rejoint la France Libre et, plus près encore de moi Edgard Morin, dont je n'ai su enfin le courage et les risques courus qu'en les entendant énumérer par celui qui lui remettait la cravate de Commandeur de la Légion d'Honneur à titre  militaire.
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 Je n'évoque pas ces aînés pour regretter de n'avoir eu que quatorze ans  au moment de la  capitulation. Je ne parle pas davantage du passé. Je parle du présent et de nous tous Il n'est acceptable pour personne de vivre sans être obsédé par les crimes commis contre les plus faibles, par tous les racismes et par les idéologies d'Etat Le devoir de lutter contre la servitude est encore plus grand  pour ceux et :celles qui n'ont pas engagé leur vie dans le combat pour la libération, quelle que soit celle-ci














vendredi 12 juillet 2013

Premiers pas dans le vide

Entre les petites minorités actives qui se forment surtout dans les secteurs les plus en en crise et l'action politique qui peut réussir des transformations durables j'admets que la distance est immense et qu'il faut trouver et accepter des choix fondamentaux communs avant de choisir des alliés, c'est à dire des acteurs volontaires. Pour  moi il y en a deux, que je crois fortement liés ensemble: la croissance et la construction européenne. En termes simples, il n'y a pas d'alliance possible avec le Front National ou avec Mélenchon, l'un et l'autre anti-européens.Je n'ai aucune raison de renoncer à ma conviction intime que la construction européenne est notre meilleure, peut-être notre seule,  défense contre la domination du capitalisme financier globalisé. A condition, bien sûr, que cette construction soit effective, en appuyant l'euro sur des politiques fiscales et budgétaires compatibles, comme cela a été clairement dit par Draghi en 2012
 En matière de politique sociale notre situation est si mauvaise que nous devons nos contenter  d'accepter le principe minimal de Rawls; à savoir qu'aucune mesure prise n'aggrave les inégalités c'est à dire ne fasse empirer la situation des plus défavorisés. Ce qui n'est pas aujourd'hui une proposition vide de sens.
Une dernière observation en restant dans le domaine de la nécessité et avant d'entrer  dans celui de la liberté. Croyez vous que c'est la classe politique qui est responsable, parce qu'elle est étrangère à la vie réelle de la grande majorité. Je déteste cette version de la théorie du complot et je ne crois pas à l'unité de la classe politique ,mais j'entends ces mots partout. Qu'il est difficile d'avancer dans la boue en pleine      nuit!

mercredi 10 juillet 2013

Guy Debord révolutionnaire du XIX ème siècle

Je voulais voir l'exposition sur Guy Debord à la Bibliothèque François Mitterrand pour savoir si je devais changer mon opinion sur lui et son mouvement. L'expositon m' déçu; je l'ai trouvée confuse, manquant de sens historique; mais j'en suis sorti enchanté par le livre Quarto de Gallimard qui réunit tous ses écrits- près de 2000 pages- de manière très vivante et intelligente.L'impression que m'a laissée une longue exploration de cette somme est que Debord appartient à la longue tradition de la social- démoicratie européenne, qu'elle soit réformiste ou révolutionnaire. Un texte de Septembre 1969 de l'Internationale Situationniste s'intitule: Le commencement d'une époque, mais j'ai l'impression opposée:, celle d'une lecture du présent à partir d'un passé long, comme si j'entendais Bernstein discuter avec Rosa Luxembourg et surtout avec Lénine, si fortement mis en cause, comme si le mouvement de Mai 68 était le chapitre le plus récemment écrit de l'histoire sans fin  du prolétariat révolutionnaire. Comme l'indique le titre de la quatrième partie de la Société du spectacle: Le prolétariat comme sujet et comme représentation. Comme si le prolétariat avait été l'acteur principal de ce mouvement, alors que j'ai défendu dès 1968 une thèse vraiment opposée, à savoir que le sens principal, historiquement réel, du mouvement a été créée par la jeunesse, surtout étudiante et dont la force et l'originalité étaient d'avoir un contcnu plus culturel que social ou politique, alors que les interprétations idéologiques du mouvement, surtout trotskistes et maoistes, se plaçaient, elles, directement dans  la pensée marxiste-léninisteLa différence entre les textes des groupes poltiques et les sérigraphies indique bien la séparation des deux univers.. Un vin nouveau était servi, mais dans des outres anciennes
Ce que je dis en ce moment semble condamner Debord à être jeté dans "les poubelles de l'histoire" En réalité mon jugement est tout à fait différent. Car si Debord se situe en effet dans le passé plus que dans le présent, il cherche dans ce passé ce qui a en effet la plus grande valeur historique et exemplaire. Il veut faire revivre la grand tradition des Conseil ouvriers, en effet très vivante, puisqu'on l'a vue à l'oeuvre à Budapest en I956 et encore plus à Prague, en 1968, surtout après l'invasion soviétique 
Il reste que ce n'est pas de spectacle qu'il est le plus question dans ces écrits, mais bien de marchandise, dans la tradition marxiste la plus classiqueMais le situationniste, plus présent à Nanterre qu'à la Sorbonne, en partie par l'intermédiaire de Henri Lefebvre, est moins infidèle au mouvement qui naît que les néo-léninistes qui se soucient surtout de sauver des qppareils qui ont pourtant déjà détruit le mouvement ouvrier et qui cherchaient à confisquer la voix des étudiants de Mai 1968..  







L 'esprit républicain


La France s'est très fortement identifiée à l'idéal national et républicain, au point qu'elle a conçu  la démocratie comme la souveraineté populaire plutôt que comme un régime représentatif de la diversité des intérêts et des valeurs. Autant elle a conçu avec force et imagination a dimension universaliste et égalitaire des droits de l'homme, autant elle s'est toujours méfiée de la diversité, de la négociation, des minorités, au point de concevoir parfois la démocratie comme une monarchie républicaine, en particulier pendant la cinquième République.

Or la complexité et la rapidité de changement des sociétés contemporaines les plus avancées les oblige à gérer des relations complexes, des majorités changeantes, des formes d'inégalité comme des stratégies et des alliances entre catégories sociales ou territoriales constamment changeantes.La gouvernance napoléonienne, dans la société cilié comme dans la société militaire ne pourraient pas être utilisables et efficaces dalles les systèmes d'organisation actuels. Avant tout parce que chaque individu et chaque catégorie ont une conscience d'eux-mêmes beaucoup plus complexe et changeant qu'avant. C'est volontairement que j'emploie la notion de complexité si fortement développée par Edgar Morin, par ce qu'il s'agit d'une dimension organisationnelle et non  politique de la vie sociale.

L'empilement des catégories territoriales n'est pas seulement trop couteux;
Il entraîne surtout des contrôles formels qui ne peuvent pas correspondre de manière satisfaisante aux relations des diverses composantes de la vie sociale et en particulier des communications.

L'exemple le plus convainquant de la nécessité d'un changement profond dans les rapports d'autorité et dans les communications est l'enseignement.  Nous n'avons pas encore renoncé à définir l'enseignement comme transmission de et même comme introduction de valeurs universelles dans  l'esprit d'enfants ou de jeunes gens encore plus proches de leurs émotions et de leurs jeux que des principes de la science ou de l'art. L'école française s'est méfiée des relations entre enseignants et enseignés par peur des préférences subjectives des premiers. 

vendredi 5 juillet 2013

Francis Fukuyama et les classes moyennes

Belle idée , globalisante a souhait: Francis Fukuyama voit agir une classe moyenne montante en Egypte et en  Asie et une classe moyenne déclinante en Europe mais c'est partout le même acteur qui remplace les classes ouvrières absentes ou en décomposition. L'idée  est attirante et même en partie convaincante. Pourtant je ne l'accepte pas parce qu'elle confond deux types d'analyse bien différents. Aujourd'hui ce qui est nouveau n'est pas la définition sociale des acteurs mais leur définition  politique. Partout où triomphent depuis un demi siècle ou plus des régimes communistes ou nationalistes  anti-occidentaux se répandent des mouvements démocratiques dirigés contre les anciens révolutionnaires ou libérateurs qui sont devenus des tyrans brutaux et corrompus. Ce sont ces mouvements dont le Printemps arabe a été le plus spectaculaire qui portent l'espoir des démocrates du monde entier qui sont convaincus que l'idée démocratique née en Europe peut et doit s'appliquer partout mais en accord avec l'histoire et la culture de chaque pays, de même que la Grand Bretagne et la France ont eu des mouvements démocratiques différents. Quant a l'Europe la situation est moins claire et surtout plus diverse. Il n'y a pas eu de grand mouvement en France, bien que l'idée des indignés  soit partie de Paris. En Italie le mouvement de Beppe Grillo a eu le même succès dans toutes les classes et toutes les régions mais il a plus combattu les partis que défendu la démocratie et en Espagne où plus de la moitié de jeunes sont au chômage on ne  pas reduire le mouvement des Indignados aux étudiants. C'est plus dans les nouveaux pays en développement  que dans la vieille Europe que la lutte pour la démocratie est l'avenir  des nouvements sociaux.

jeudi 4 juillet 2013

Pourquoi ce silence?

De tous côtés on nous répète depuis  2OO8 et même avant que notre économie va mal, n'est plus compétitive, parfois même que nos salaires et nos charges sociales sont trop hauts; pourtant il n'y a pas si longtemps on nous faisait admirer Ford qui donnait de hauts salaires à ses ouvriers pour qu'ils achètent ses autos et aujourd'hui même nous voyons les frontaliers français chercher de meilleurs salaires en Allemagne, en Belgique ou en Suisse. Pourquoi ne pas changer complètement de point de vue? Pourquoi  ne pas nous demander si ce n'est pas nous, les français, qui allons mal, ou même qui sommes mal traités, qui sommes placés dans des cadres et des catégories qui nous gênent, nous entravent ou même nous empêchent de nous exprimer, de penser notre avenir, de diriger nos propositions et nos plaintes dans la bonne direction. Rassurez vous! Je n'ai aucune intention de tomber dans une psychologie des peuples masochiste et nous accuser d'être les responsables de nos propres malheurs. Je veux dire à peu près le contraire, à savoir que nous sommes gênés par des catégories de pensée et d'action qui ne correspondent plus à nos demandes et à nos possibilités. Pour parler un instant le langage des science sociales je dis que le mal vient de nos représentations plus que de notre situation   et que nous ne pensons et n'agissons pas  avec une force suffisante, comme si nous étions de mauvais boxeurs ou comme si nous parlions la langue de Montaigne aux gens d'aujourd'hui. Prenons le plus simple des exemples:pensons nous assez monde; pensons nous assez réseaux? et j'ose ajouter: parlons nous assez féminin dans cette période de faiblesse du féminisme et de remontée du machisme? Nous pouvons tous ajouter que personne ne dispose d'un langage politique, comme s'il n'existait pas d'espace libre pour l'action politique? Là est la question principale que nous devons nous poser  à nous mêmes: Quel est l'obstacle qui nous empêche le plus fortement d'agir et en premier lieu de parler, car rien n'est possible si nous ne brisons pas notre propre silence.

mardi 2 juillet 2013

on recommence .......

Je commence ce blog, maladroitement peut-être mais avec conviction car je ne travaille pas pour moi seul mais parce que nous tâtonnons tous dans le noir, sans trouver de porte de sortie.

Cherchons la ensemble...



D'accord, nous sommes sortis du monde social, mais dans quel monde sommes nous entrés ? Ce que nous savons c'est qu'il ne se définit ni par un  temps ni par un espace Nous ne sommes pas en Europe au lieu d'être en France et en 2014 au lieu d'être en 2010. Nous sommes dans un monde où on pense et on parle avec des catégories culturelles et non plus des catégories sociales. en somme  nous avons quitté le monde des moyens et sommes entrés dans le monde des fins ; Ça veut dire que nous parlons tout le temps du bien et du mal, du permis et de l'interdit et aussi du connu et de l'inconnu.